Le blog des accros de la langue et de la culture françaises créé par
Paola Appetito.
Ce blog vous propose un tour dans les ressources pédagogiques du Fle sur la toile. Et pas seulement!
giovedì 26 marzo 2015
martedì 17 marzo 2015
venerdì 13 marzo 2015
giovedì 12 marzo 2015
sabato 7 marzo 2015
Portraits de Cabu, Wolinski, Charb, Tignous
Transcription
Cabu, dessinateur
L'humour, c'est un coup de poing dans la gueule. Mais emballé quand même dans du papier de soie ou du papier de bonbon.
Voix off
Tombé tout petit dans le dessin, Cabu, diplômé de l'école d'art Estienne, choisit très vite l'humour « coup de poing ». Avec le personnage du grand Duduche qui lui ressemble comme un frère, il fustige les institutions, l'école, l'armée, la police. Dessinateur de presse, il couvre de nombreux événements avant de choisir la caricature politique.
Cabu, dessinateur
Un dessin dans un journal un peu..., qui vous donne beaucoup de latitude, c'est une tribune libre, c'est... on dit « je » dans nos dessins.
Voix off
Des dessins et des slogans mordants qui n'épargnent personne, ni à droite, ni à gauche, ni ceux qui croient au ciel, ni ceux qui n'y croient pas. Georges Wolinski, lui, mettra plus de temps à trouver sa voie. Graphiste talentueux, il basculera finalement dans la contestation.
Georges Wolinski, dessinateur
Je pensais pas devenir dessinateur. D'abord, c'est un métier où on ne pouvait pas gagner sa vie. Moi je ne m'intéressais pas à la politique. Mais en mai 68, brusquement, je me suis senti concerné.
Voix off
Du Roi des cons au Bal des ringards - tout un programme - il impose son style et collabore à de nombreux journaux, dont Paris Match qui publiera demain ce dessin, son dernier.
Georges Wolinski, dessinateur
L'humour, c'est s'interdire aucun sujet. C'est déjà la définition de l'humoriste, c'est le... y a... on doit reculer devant rien. Sauf la méchanceté. Nous sommes féroces, mais nous ne sommes pas méchants.
Voix off
En novembre 2011, après un premier attentat, le grand public découvrait le visage de Charb, dessinateur et directeur de la rédaction, protégé par des policiers 24 heures sur 24. Mais comme ses amis assassinés aujourd'hui, il cachait depuis toujours, derrière sa bouille de premier de la classe, le goût de la satire et de la critique sociale.
Charb, dessinateur
Quand le sujet se prête à la rigolade je fais qu'un truc rigolo, mais quand c'est un sujet qui traite de l'armée ou de la guerre ou des choses comme ça, c'est plus pédago voire un peu plus militant.
Voix off
À Charlie Hebdo, il avait trouvé une famille.
Charb, dessinateur
On dirait un vrai journal, hé !
Voix off
Pour lui, le dessin de presse était un moyen d'expression, populaire et immédiat. Bernard Verlhac, dit Tignous, que l'on voit ici à ses débuts en train de dessiner contre la tauromachie, venait lui de recevoir le prix du meilleur caricaturiste. Au milieu de ces sales gosses teigneux, un professeur, Bernard Maris : un économiste respecté, mais qualifié de franc-tireur, tant sa parole, parfois, détonnait.
Bernard Maris, économiste
Les économistes d'aujourd'hui sont un petit peu les médecins de Molière d'autrefois. C'est-à-dire que ce sont des gens qui donnent des théories absolument invérifiables, qui maquillent un pseudo savoir derrière un déluge de chiffres, qui servent en fait un petit peu à masquer leur incompétence et derrière leur incompétence, la réalité.
Voix off
Un peu avant midi, réunis dans cette salle, c'est avec une mort bête et méchante qu'ils avaient rendez-vous.
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Liberté de la presse: le dessin comme arme absolue?
Transcription
Le contexte
Bienvenue sur Geopolitis.
« On peut rire de tout, mais pas
avec n'importe qui ! », c'était le postulat de l'humoriste français Pierre
Desproges. Il faisait référence, à l'époque, à certains dessins de presse, des
dessins humoristiques, jugés bêtes et méchants. Tiens, c'est curieux, bête et
méchant, c'est justement la devise, la raison d'être d'un hebdomadaire comme
« Charlie Hebdo », et ce qu'il y a de remarquable dans ce journal,
c'est que la une, ce n'est pas du texte , c'est, toujours, un dessin ou une
caricature.
On dit souvent que, dans un journal, le
dessin humoristique en dit plus long qu'un éditorial. La caricature est en effet le véhicule
instantané de tout ce qui est montré, mais aussi de tout ce qui est suggéré,
dans une forme de message subliminal, le tout dit sans précaution, parfois avec
cruauté, toujours avec le souci de faire
rire, voire même de ricaner. À l'heure où, dans le monde, on célèbre la
journée de la liberté de la presse, Geopolitis décrypte ce qui fait la force,
l'impact, la nécessité aussi du dessin de presse.
Ils se nomment Plantu, Chappatte, Cabu,
Hermann, Faizant, Burki, Siné ou Barrigue, pour rester dans le monde de la
francophonie : ce sont des noms simples, d’ailleurs des fois on ne sait même pas
si ces monsieurs ont un prénom, bref, ce sont ceux qui, quotidiennement, font
la « une » des journaux. Leur stylo est trempé dans l'acide, leur
plume est acérée, leur liberté est totale, on les aime, on les redoute ; en un
coup de crayon, ils peuvent faire rire aux larmes, tout en brisant une carrière.
Ils dénoncent férocement les grands de ce monde. Ils font du journalisme, ils
participent à la démocratie. Et leur art ou leur mission ne date pas d'hier,
puisque, en France par exemple, c'est à la suite de la révolution de 1830 que
l'on fonde le tout premier journal satirique. Il s'appelle, tout crûment,
« la Caricature », et son objectif est simple : informer, oui, mais
par le truchement de la dérision. Le dessin sous forme de
« caricature » a pour fonction de révéler un problème, un malaise, et
s’il gêne, ce dessin, s’il offusque, c'est que, justement, il est là pour
transgresser un code, pour casser une retenue, tout en laissant place à
l'imagination, donc à la création. Le dessinateur Plantu ne dit pas autre
chose.
Plantu : « Le dessinateur
de presse doit être plus rigoureux et journaliste. C’est-à-dire qu’il doit
continuer à se lâcher et à passer son temps à énerver tout le monde, à être
borderline, à dépasser même la ligne rouge, mais à la fois, il faut qu’il pense
que, son dessin, il est aussi un dessin provocateur ».
Le métier n'est pas sans danger : le
20 mars de l'année dernière, Kais Al Hilali, un dessinateur libyen de 34 ans est
abattu par un soldat: il était en train de faire une caricature de Khadafi sur
un mur. Dix ans plus tôt, en Sierra Leone, le dessinateur Minuru Turay, alias Azzo,
était assassiné par un mouvement révolutionnaire : ses caricatures avaient
déplu. Combien de journalistes dessinateurs ont été ainsi visés, censurés,
ouvertement ou sournoisement, voire arrêtés ou exilés. C'est, entre autres
buts, pour les défendre, que s'est créée l'association Cartooning for Peace,
dessins pour la paix, avec un parrain, Kofi Annan, un fondateur connu, Plantu,
du journal Le Monde, et une belle brochette de dessinateurs de tous pays,
résolus, comme ils le formulent si bien, à faire désapprendre l'intolérance.
Le reportage
Liberté de la presse : la parole aux
dessinateurs ?
Leurs
dessins sont muets et pourtant, ils parlent aux lecteurs. Les auteurs n'ont pas
toujours l'occasion de s'expliquer. Il est donc temps, pour une fois, de leur
donner la parole.
Burki :
« J’essaie de donner à mes dessins, pas seulement une méchanceté ni tirer
à boulet rouge sur certaines personnalités,
mais aussi chercher le côté poétique ».
Chappatte :
« J’essaie d’être juste. Ça a l’air modeste, mais en même temps, derrière
la justesse, il y a la provocation, je crois. On est jamais aussi provocant que
quand on est juste, quand on vise juste ».
Herrmann :
« Je déteste regarder les choses en plan moyen, j’aime bien me placer un
peu plus haut que l’actualité ou à côté ou en contre bas pour voir les choses
d’en bas. Et ça me donne un angle que les journalistes ne vont pas chercher ».
Les caricatures de Mahomet : un exemple à dessein ?
Dans la première série de publication, il y a 12
dessins, 12 caricatures, et un titre : les visages de Mahomet. L'affaire
commence ainsi, par cette demande du journal danois le Jyllands Posten, à une quarantaine
de dessinateurs indépendants, consistant à illustrer un livre pour enfants sur
le prophète. Nous sommes en septembre 2005. Dès octobre, le journal reçoit des
menaces de mort, les premières manifestations sont lancées, d'abord au
Danemark, puis, bientôt, dans l'ensemble du monde, car de nombreux journaux reprennent
ces caricatures, de l'Égypte à l'Allemagne et de la France à Bosnie. En janvier
2006, plusieurs pays lancent même un boycott sur le
Danemark et en février, c'est l'explosion de colère, de la Mauritanie à
l'Indonésie et du Liban au Pakistan. Des consulats sont incendiés. 7 ans après
ces publications qualifiées de provocations, l'affaire fait encore parler
d'elle. Le mois dernier, deux jeunes tunisiens ont été condamnés à 7 ans de
prison pour avoir publié certaines de ces caricatures sur Facebook. Les motifs
des inculpations étaient les suivants : atteinte à la morale et atteinte aux
valeurs du sacré.
Du dessin à la BD : une nouvelle forme de
reportage ?
C'est
très tendance : le couple vedette journalisme et
BD, les Américains appellent cela
« graphic journalism », les Français disent « reportage
BD ». On troque le micro, la caméra ou l'appareil photo contre le
stylo ou le crayon. Maître de cet art, Joe Sacco, un auteur maltais d'origine
qui vit aux États-Unis et qui a fait un tabac mondial avec ses
« reportages », de Palestine en Bosnie, qui parle des femmes tchétchènes ou des immigrants africains. Attention,
le reportage BD est différent, par essence, du reportage classique : le
reporter ne se contente pas de donner les faits, il se met en situation, il
nous fait vivre ses impressions, ses joies, ses peurs, il n'est donc pas
seulement « narrateur », il est « sujet ». Chappatte, le
dessinateur suisse, fait de même, du printemps arabe à la course à l'Élysée.
Comme le dit ce dessinateur genevois, on raconte le monde avec la simplicité du
dessin et on donne à voir l'humanité derrière l'actualité. Le Québécois
Guy Delisle a livré lui ses chroniques birmanes avant de se plonger, un moment,
dans la ville éternelle, Jérusalem. C'est de l'actualité vue de l'intérieur. Le
grand, l'immense Art Spiegelman avait obtenu en 1992 le prix Pullitzer pour son
historique BD « Maus », qui relatait l'histoire de sa famille pendant
l'holocauste. En somme, le BD reportage, c'est le croisement du 9e
art et du 4e pouvoir.
L’édito
Il nous faut l'admettre, même si cela nous coûte !
Le micro, la plume ou la caméra du reporter
sont des armes moins acérées, moins tranchantes moins performantes que
le crayon ou le feutre du dessinateur de presse. Les deux professionnels sont
journalistes, de par leur fonction et de par leur statut. Là n'est pas la
question. Ce qui les différencie c'est le mandat. Le reporter doit s'en tenir
aux faits, décrire ce qu'il voit, écrire ce qu'on lui rapporte. Le dessinateur
de presse n'a pas la même ligne : il croque, à son aise, il déforme, à son
goût, il grossit le trait, selon sa vision, bref, il caricature, et la
connotation, en l'espèce, n'est pas péjorative. Il est du reste payé pour
montrer non ce qu'il voit, mais ce que lui inspire ce qu'il voit. Là où le
reporter n'a pas le droit d'inventer, le dessinateur de presse, lui, crée une
situation, modèle ses personnages et écrit des dialogues. Là où le journaliste
de desk n'a aucun droit à livrer son message, le caricaturiste s'est octroyé le
devoir de délivrer tous les messages qu'il souhaite, celui qui paraît évident,
mais aussi celui qui est suggéré. Enfin, le dessinateur fait rire, 9 fois sur
10. Le rire et la dérision, deux armes de destruction massive. Par bonheur,
elles sont au service de la liberté de la presse.
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